bernard  fintz                                                 peintre   sculpteur
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                                                                                                                                     bernard  fintz

BIOGRAPHIE

   

   

   

Peindre me permet de forcer l’imagination, de provoquer un ressenti de plaisir ou de provoquer la colère, mais je pense, jamais d’indifférence. Elle me permet de jeter un pont entre le dehors et le dedans, entre ce que l’on voit et ce que l’on ne voit pas. Tout me semble donc bon pour parvenir à la sensation, pour débloquer les sens qui n’ont apparemment rien à faire avec l’observation : voir et regarder.

 

J’ai un besoin de réaliser la plus surprenante des synthèses ; celle de la réalité et du rêve. Mon premier souci n’est donc pas de faire beau, mais de faire si possible vrai. Si la vérité éclate, le beau se manifeste alors aussi bien à travers le choquant, l’inattendu, l’irritant, l’insolite ou le délirant. La raison nous emprisonne bien souvent. Pour accéder à l’irrationnel, il faut un choc. Un tableau ou une sculpture peut le provoquer et ainsi jouer le rôle de catalyseur pour nous permettre d’accéder à la liberté.

 

Si celui qui regarde mes peintures ou mes sculptures veut bien abandonner ses préjugés et ses positions arrêtées, il pourra entrer dans l’intimité des œuvres qui selon la définition célèbre de René HUYGHE est : « le plus court chemin d’un homme à un autre »

 

 Mon premier maître en peinture fut le professeur Philippe Steinmetz au lycée Kléber à Strasbourg. Pendant quatre années, j’ai suivi ses cours avec assiduité. Découvrant rapidement mes dispositions pour le dessin, il me proposait de rester après la classe pour m’initier à la composition de natures mortes. Il me disait : « ne copie pas les pommes que tu as devant toi, mais crée tes pommes ; ne peins pas ce que tu vois, mais ce que tu ressens » Je voulais bien faire, mais je sentais déjà le poids de la culture et des normes établies. Les jeudis après midi, il avait la gentillesse de m’emmener avec lui pour peindre dans la nature. « Elle te donne tout, me disait-il, apprend à la saisir, regarde-la avec les yeux de ton cœur »

 

Je m’étais alors inscrit aux cours du soir aux Arts-Déco, où durant quatre années, j’ai suivi l’enseignement du professeur Huebert qui sut me faire découvrir le juste trait, le bon mouvement, la magie des couleurs, l’observation des formes et des volumes tout en me laissant toute liberté d’exécution. L’art moderne me fascinait tout en me faisant très peur.

 

Depuis cette époque, quarante cinq années se sont écoulées. Je ne suis pas devenu peintre, mais médecin, une autre façon de flirter avec l’art, et lorsque j’ai pris ma "retraite" je compris que tout le temps passé à l’écoute de mes patients fut une période indispensable à la maturation de mon expression picturale et à la mise en place d’une réflexion sur l’art, celui que je porte en moi

 

Mon inspiration tire sa substance de ma vie de médecin et de grand voyageur. Formé initialement à la chirurgie gynécologique et à l’obstétrique, j’ai finalement opté pour la médecine générale. Une formation en psychologie et en sophrologie est venue complétée mon cursus et m’a ouvert à la thérapie d’écoute. Curieux de l’humain, je le suis aussi de la terre. Mes nombreux voyages m’ont conduit un peu partout dans le monde. Mon appareil photos ainsi que ma caméra m’ont toujours accompagné, et m’ont permis d’engranger une quantité de documents, une mine que je continue d’enrichir et d’exploiter.

 

Mes peintures ne proposent pas des choses mais des signes, des formes et des couleurs qui disent comment faire un univers qui tient la route. Je pensais à tort qu’une peinture tenait sa réalité de l’imagination. En fait, les formes et les couleurs font naître des images lorsque nous en rêvons, mais quand nous regardons, nous ne rêvons pas, nous décryptons et nous essayons de pénétrer le sens caché. Face à une toile, nous sommes dans l’attente que quelque chose se passe, car un tableau à première vue pourrait ressembler à une toile enduite de peinture, alors qu’en fait il s’agit de grandes "Formes en Déplacement" imperceptible.

 

Ce "Déplacement", j’essaye de l’intercepter, de le guider et de l’infléchir pour en faire la substance de mes toiles. Les symboles sous jacents gonflent et se nourrissent alors avec le temps de l’observation. Mais pour que la durée s’installe, il me faut retenir le spectateur. J’esquisse au moyen de formes et de couleurs connues de celui qui regarde, un avenir qui n’est pas encore réalisé. Ce qu’il ressent n’est alors pas ce qu’il voit, mais son propre déplacement intérieur, l’émergence de l’inconnu, de ce qu’il n’attendait pas, l’imprévisible qui finit par nourrir son discours intérieur. Celui qui regarde est libre, libre de porter son regard vers l’extérieur, ou bien de se laisser saisir par ce qui se présente en lui, en éprouver du plaisir, un malaise, voir de la peur. Dans tous les cas, il sera obligé de constater qu’il a ressenti quelque chose.

 

Je considère que l’art est un processus vivant comme l’humain ; on ne peut pas le disséquer sans risquer de le tuer. L’art, je le conçois comme un organisme et non pas comme un système. Je considère mes œuvres comme une création analogue aux rêves et aux mythes par laquelle l’inconscient exprime, en le déguisant, les complexes refoulés par la conscience claire. La vraisemblance n’a pas d’importance. Tout, pour moi, doit concourir à la vérité, aux nécessités d’une nature supérieure qu’on suppose sans la découvrir. Le but inconsciemment recherché en désagrégeant l’objet, en l’absorbant, est de le dépasser ; lui et son support, la Toile.

 

Pour « faire passer » ou pour « projeter » ce que je vois en moi, je fais appel à ce que je pratiquais en médecine. Après avoir examiné, ausculté, palpé, je m’efforçais non pas d’abord de soigner tel ou tel organe ou tel viscère, mais de découvrir pourquoi tel organe ou viscère était malade. Après l’observation du corps, je m’obligeais à responsabiliser mon patient afin de le faire participer à sa guérison. En éveillant un petit complément d’âme indispensable pour exister, je l’entendais souvent dire en sortant de mon cabinet : « vous venez juste de diagnostiquer mon mal, et déjà je me sens mieux » Le sujet, sans le savoir, venait simplement de se réconcilier avec lui-même.

 

Mon propos, à travers mes recherches en peinture, est d’inviter le spectateur à pénétrer dans les profondeurs de son être, grâce aux formes et aux couleurs, jusqu’à l’Âme, ce principe vital qui fait plus que de relier une portion de matière et un souffle d’esprit, il les unit dans un même sujet. Dans mon livre « La Sagesse du Corps » je me suis efforcé de démontrer comment en redonnant au corps ses capacités d’autodéfense, il nous été permis de vivre mieux. Ici à propos de mes tableaux et de mes sculptures, j’invite le spectateur à prendre conscience de l’influence de l’esprit sur le corps, à se rapprocher de Soi jusqu’au lieu où « souffle » l’esprit. Ma peinture aura été un prétexte ou un encouragement à parcourir ce chemin. Et comme disait très justement Paul Valéry : « Ce que nous appelons une œuvre d’art est le résultat d’une action dont le but FINI est de provoquer chez quelqu’un des développements INFINIS

 

Livres publiés : « Sophrologie et Maternité » Une Nouvelle Espérance  ( Ėdi. Signal ) 1990

                          « La Sagesse de Corps » (Édi.Randin ) 2000